Point(g) de vue

Je suis sûre que vous connaissez cette image ; celle de deux personnages qui regardent un même chiffre sauf que l’un voit un 6 et l’autre voit un 9. Ils ont tous les deux raison et pourtant ils vont crier en menaçant du poing que chacun à tort.
Prenons un autre exemple : les réactions et les émotions dans une discussion. Nous avons tous des réactions et celles-ci nous sont propres, tout comme les émotions.
Chacun ne réagit pas de la même manière quand il voit une araignée, selon s’il est arachnophobe ou pas.
Imaginons la scène de Clémence et Paul, qui travaillent ensemble dans un open-space. Clémence reçoit un e-mail de Paul et s’emporte. Elle lui reproche la formulation de ses e-mails ; ils sont acérés, infantilisants et à la longue, ça l’agace.
Paul se sent agressé et lui répond du tac-au-tac que sa fonction est tout de même de s’assurer de communiquer des procédures à suivre claires et précises donc il ne va pas s’excuser de faire son travail.
Qui a raison ? Qui a tort ? Nous sommes sur le même problème que le 6 et le 9.
Clémence s’est emportée et se sent agressée, infantilisée et agacée ; c’est légitime.
Paul se sent agressé et se justifie et c’est tout aussi légitime.
Clémence n’est pas dans la tête de Paul et l’inverse est tout aussi vrai.
Nous ne savons pas non plus dans quel contexte cette scène aurait pu avoir lieu. Il y a tellement de paramètres qui nous sont inconnus et pourtant, je suis persuadée que vous avez pris parti pour Clémence ou Paul. Ce qui est normal.
Il y a dans cet exemple beaucoup de choses à analyser mais j’aimerais m’attarder ici sur les points de vue. La définition de chacun des valeurs de politesse, de respect, d’empathie etc.
Chacun va avoir une définition de cette valeur. Concernant la politesse, certains se contentent de saluer d’un geste de main alors que d’autres vont insister pour que vos regards se croisent quand le « bonjour » est prononcé.
Les 2 points de vue sont légitimes. Le vôtre, celui de la personne en face, celui qui vous dit que vous êtes décidément bien impoli de ne pas le regarder (oui, oui, celui-là est légitime aussi).
La légitimité tient du fait que l’analyse se fera dans différentes sphères : la vôtre, celle de votre voisin, celle de votre cheffe etc.
On ne se moque pas de la manière de saluer qui diffère dans certains pays, alors pourquoi arrivons-nous à légitimer cela en dehors de notre pays et pas avec nos propres collègues ou amis ?
On ne se moque pas d’un enfant qui s’émerveille à la vue d’un papillon alors pourquoi dire avec colère à quelqu’un que les blagues de Toto ne sont pas drôles ?
Clémence et Paul ont réagi avec leurs définitions et ont donc tous les deux raison. La réaction de l’interlocuteur ne vous appartient pas. Vous êtes maitre de vos mots et de vos émotions, pas de la réaction des autres.
Clémence aurait pu par exemple dire que la phrase dans l’e-mail « merci de ranger les commandes traitées dans la pochette rouge » l’exaspère car elle connaît la procédure : elle se sent infantilisée quand Paul lui rappelle chaque fois.
Paul peut alors aussi dire que Clémence lui a parlé sans l’apostropher, lui demander si elle pouvait le déranger.
Quand vous avez une communication difficile avec quelqu’un, questionnez-vous sur les faits concrets et exprimez-les. Dire que l’utilisation de tel mot vous agace, qu’une réaction quand vous demandez quelque chose vous étonne etc. Exprimez-le.
L’interlocuteur peut ne pas tenir compte de votre remarque mais votre esprit sera déjà apaisé car vous connaissez votre définition et cela vous permettra d’ancrer que sa réaction ne vous appartient pas.
Nous avons des émotions et des réactions qui nous sont propres et celles-ci sont parfois difficiles à appréhender dans la vie familiale, amicale ou professionnelle. J’axe mon coaching sur l’action de mettre des mots sur des maux pour améliorer la communication. Quand vous saurez reconnaître vos émotions et vos réactions, vous constaterez que la communication n’en sera qu’améliorée car vous saurez prendre du recul sur la parole de l’autre.
Si vous en avez l’opportunité, questionnez votre entourage sur leur vision de la politesse, de l’engagement etc. Echangez vos définitions, échangez vos points de vue et vous verrez qu’avoir une partie du mode d’emploi de la personne améliore nettement la communication.
Et vous, vous êtes plutôt point de vue ou poing de vue ?